Tokyo et le retour

Je parcours la plus grande conurbation du monde, mégalopole, le Grand Tokyo comprenant 98 municipalités dont Tokyo et Yokohama, les deux villes les plus peuplées du Japon. En partant du Palais Impérial, il faut parcourir près de 80 km pour en sortir, ces 38 millions d'habitants qui vivent dans l'ordre, le respect des autres, impressionnante de modernité, et de respect des traditions dont le Palais Impérial en est la représentation symbolique. C'est aussi le lieu où le PIB total est le plus élevé au monde, devant New York, Impressionnant !!!

Je traverse les jardins du Palais Impérial, pour ressentir cette tradition à partir du pont Nijubashi, où l'on voit sur la hauteur le Palais Impérial. En fond de parc se côtoient dans le quartier Marunouchi les immeubles d'affaire, et ceux du gouvernement central japonais, mais aussi le théâtre Impérial d'un style occidental, le forum international de Tokyo. On peut dire que c'est le centre de Tokyo. 

Je visite le musée Yushukan, qui se trouve dans le domaine du Yasukuni Shrine, réalisé  en l'honneur de ceux qui donnèrent leur vie pour le Japon. Ce musée retrace à partir des Samouraïs l'histoire du Japon et les deux guerres mondiales. Il est particulièrement intéressant, mais à juste titre très controversé, car 14 criminels de guerre ont été rajoutés dans la liste des 2 millions de japonais qui sont tombés pour faits de guerre (dont des dirigeants nippons reconnus coupables de crimes de guerre) ??? Allez voir le dernier film qui va sortir sur les écrans français et du monde du réalisateur japonais Hayao Miyasaki : Taze Tachimu – Le vent se lève, qui s'articule autour du destin de Jiro Horikoshi (1903-1982) concepteur du fameux Mitsubishi A6M Zéro, avion associé à la sombre période du militarisme nippon des années 1930-1940. (Voir article du Monde du 3 septembre 2003 culture p13). Je n'en dis pas plus, car j'ai le projet de rédiger un article avec les photos que j'ai prises du camp de concentration Auschwitz en Pologne, le musée de la Terreur de Budapest, le musée d'Hiroshima ainsi que le musée Yushukan de Tokyo.  Attention aux thèses révisionnistes de tous bords …

Le lendemain, je fais une longue marche dans le quartier Ginza (autour de l'intersection Cho-Dori St et Harumi street) où se succèdent les grands magasins, remplis d'histoire et de tradition, avec de prestigieuses boutiques dont les immeubles sont conçus par les plus grands architectes internationnaux: Shiseido par Ricardo Bofill, Hermès par Richard Rogers, … Yamaha, Sony, Guerlain. Se trouve aussi le grand théâtre de Tokyo Takarasuka (qui joue exclusivement des opéras Takarasuka). Je me dirige vers le prestigieux quartier d'affaires ultra moderne Shiodome, avec l'immeuble Dentsu, Shiseido, de la télévision NTV tower, World trade center, des hôtels … Comme affirment certains slogans <New culture rencontre les bonnes vieilles traditions>. C'est peut être là, la force des japonais qui savent allier histoire/tradition avec modernisme/projection sur le futur. On voit la tour de Tokyo construite en 1958, dont je regrette de ne pouvoir y monter, faute de temps, pour jeter un regard circulaire de la plus grande conurbation du monde en pleine baie de Tokyo. Quelle dynamique de développement, avec des chantiers discrets mais souvent énormes. Convergence d'analyse intégrant la construction d'immeubles de toutes sortes de fonction, ̈̈avec les infrastructures notamment routières et ferroviaires. Grandiose, impressionnant .

Le lendemain, je visite le quartier Ueno: immense parc où se trouve regrouper le Zoo, des Temples, des musées importants: musée national de Tokyo, splendide, de collections asiatiques sur le Bouddhisme notamment des sculptures; musée  des pays occidentaux conçu par l'architecte Le Corbusier présentant son film, ses sculptures peintures mais aussi celles de Picasso, Buffet, Braque…l'esprit nouveau, nature source de création, vers un art de synthèse… 

Voilà c'est ici que se termine mon extraordinaire périple de 2 mois à travers le Japon. Plus de 500km à pied, l'ascension du Mont Fuji, deux pèlerinages prestigieux: le Kumano Kodo et les 88 Temples de Shikoku, la visite d'Hiroshima, de Kyoto, Nara, Osaka, Nagoya et Tokyo. Je ferai une synthèse de mes 37 articles, qui sera traduite en anglais et espagnol. Maintenant, je change de continent… En effet, après un bref passage à Paris je me rends à Montréal puis Vancouver, l'autre côté du Pacifique… Suivez mon périple sur mon voyage au Canada. 

 

Nagoya sous l’angle artistique

Amenée par Yuka accompagnée de Mitsuki et Masaki (qui me rapporte mon sac avec les affaires chaudes utilisées  pour l'ascension du Mont Fuji), nous parcourons l'exposition originale sur le <gold Fish>. Une fille d'attente de 3/4 d'heure, pour voir ses poissons mises en scène,  avec des effets de forme, de couleurs et musicaux (les japonais l'appellent l'art Kingyo aquarium). Thematique à la mode car reprise par le même artiste dans le grand magasin Mitsukoshi, et le Showroom de Sony à Tokyo.

C'est un bonheur que de regarder le défilé du festival (plusieurs troupes, composées essentiellement de jeunes particulierement motivés, souvent les thèmes font références au bouddhisme). On mange dans un restaurant spécialisé <monjayaki et okonomiyaki>, on  est rassemblee autour d'une plaque chauffante et on fait chauffer nous même la préparation qui nous est amenée. Excellent et cela met une bonne ambiance, je finis par un kakigoori parfum thé vert. On revoit la tour Toyota et celle torsadée de l'école de la mode dont l'architecte était le grand-pere de Yuka. 

Un couloir deplus de 800m est animé d'effet visuel avec plusieurs thématiques autour de la ville, les champs, les animaux, les mammifères marin… 

Osaka

 

Je remonte vers le nord, pour me rendre à Osaka, Nagoya puis Tokyo. Je presente les photos d'Osaka, où je ne suis resté qu'une journée et une nuit. Une ambiance super, on va dîner dans un restaurant typiquement japonais à base de poisson. Je me régale. Visite du Château d'Osaka et un temple, avec Hung Maca, jeune Taïwanais avec qui je parcours depuis 3 jours, Hiroshima et maintenant Osaka. Nos chemins se separent dans le métro. Le fait de partir seul, favorise les rencontres. Je me dirige vers la station de métro Tanimachi 6 chrome chez S, un charpentier qui travaille sur les chantiers, couch guest qui habite une maison ancienne, en plein cœur d'Osaka. Décidément, le couch surfing me donne que des surprises positives. Je rencontre dans cette maison un jeune couple anglais, un slovaque, 20 ans à peine, et particulièrement intéressant. Nous avons reçu à Olivet, en tant que guest couch surfing, un américain, Charles avocat et agriculteur, (qui a participé à notre conseil municipal d'Olivet), et qui vient de m'adresser un message pour nous inviter chez lui au nord de New-York, proche de Montréal nous dit il à peine 400km… Couch surfing une autre façon de voyager au contact de la population locale.
 
Osaka, très grand port, deuxième agglomération du Japon, est une ville surprenante de modernité, de dynamisme urbaine. La ville se transforme en se densifiant sur plusieurs pôles moteurs de croissance urbaine et de développement. C'est une ville fantastique, attractive la nuit, assez chaotique, gigantesque. La quartier Umeda n'en finit pas de se transformer, grandes tours interconnectées avec la station JR, le métro, bien développé, propre, moderne. Un chantier énorme vient de demarer par la demolition d'hangards, les voies ferrees sont enlevées…Osaka est traversée par plusieurs rivières dont la principale est la Yodo, qui se jette dans la baie d'Osaka Océan pacifique (au sud l'ile de Shikoku que vous connaissez maintenant grâce au pèlerinage). C'est une des régions les plus productives du monde, siège de nombreuses sociétés. À titre d'exemple, Panasonic à un centre important, un show room ouvert au public, des films sur un écran demi circulaire présentent le way of life japonais avec un slogan: <A better life, a better world, life is beautiful>, et je rajoute, Vive la Vie, la Vie est Belle. Les Japonais ont un sens aigu pour l'art culinaire. Le peu que j'ai vu de télévision montre l'importance des émissions sur la préparation de mets des plus variés et bons, avec des spécialités dans plusieurs régions. J'ai maigri, certainement grâce aux marches que j'ai faites (plus de 500km), mais aussi grâce à la qualité de la nourriture. 
Visite d'un Temple, où visiblement une manifestation venait de se produire, de nombreux bénévoles démontant les infrastructures, et nettoyant le site. 

 

Hiroshima: Miyajima, château, musée des arts.

Miyajima est un des sites les plus exceptionnels du Japon. La <Tori gate> symbolise à elle seule le Japon, à travers son histoire, ses religions, et ses traditions. Le rouge/orange de la Tori, le bleu de la mer et celui du ciel, contrastant les uns les autres avec le vert de la forêt, c'est émouvant, magnifique. Rempli de spiritualité, car plusieurs Temples marquent le territoire: Itsukashima Shrine, Daishon Temple, Tokujuji et Shinkoji Temple, sont au pied de la Montagne Sacrée Misen. Miyajima est une île que l'on atteint par bateau (courte traversée), de la gare de la street-car (tramway) qui est le terminus de la ligne qui longe le littoral venant de la gare d'Hiroshima. Heureusement que nous sommes arrivés assez tôt car la marée est importante, et le Tori est plus beau les pieds dans l'eau. 

 
Le Temple Daisho-in est un des plus prestigieux temple Shingon (secte importante du Bouddhisme). Au 12 ème siècle, l'empereur Tobago fonda son hall de prière dans ce temple. On voit de nombreuses représentations de déesses Bouddhistes. Lors de mon pèlerinage des 88 Temples de Shikoku (lire les articles précédents), nombreux étaient ceux originaires de la création de Kukai (Kobo Daishi), fondateur de la secte Shingon (qui est aussi un des 3 grands calligraphe du Japon).
 
J'ai fait l'ascension du mont Misen, montagne sacrée. Ce mont est situé au centre de l'île Miyajima. La montagne fut désignée en tant que site sacrée par Kukai, pratiquant ses exercices ascètes pendant 100 jours durant l'automne de l'année 806. On voit très bien le mont Misen du Château d'Hiroshima, et du 8 ème étage de mon hébergement. Du sommet du mont Misen on bénéficie d'une vue magnifique sur toute la baie d'Hiroshima et on devine au loin les sommets de l'île Shikoku, et la ville d'Hiroshima. Je suis particulièrement content d'avoir gravi 3 montagnes sacrees: le mont Fuji, le Ishizuchi, et le mont Misen. 
 
Visite du Château d'Hiroshima, dans le même style que les précédents, qui a subit une histoire mouvementée: au départ un Temple (Honganji), qui eut une grande influence jusqu'en 1580. Il fut donné à Nobunaga Oda pendant sa campagne d'unification. Il brûla complètement. Après sa mort, Hideyoshi (Toyotomi) pris le contrôle des affaires politiques et décida la construction du château sur le site du Temple. Après la mort de ce dernier, c'est Tokugawas qui a le pouvoir et le château tomba en ruine au cours de la guerre en 1615. Le site fut utilisé par l'armée , et à la demande des résidents la reconstruction de la tour principale fut décidée en 1931. Le Château bénéficie d'une double  protection de muraille (dont la taille de certaines pierre est impressionnante), et ceinturé d'eau. Le parc qui l'entoure fait plus de 100 hectares. C'est dans ce parc que j'ai pu voir le deuxième arbre identifié comme ayant survécu à la bombe atomique (Kurogane holly tree, à 910m de l'hypocentre). Le Château fut détruit par la bombe atomique et reconstruit en 1958. À l'intérieur on peut voir des pièces historiques concernant les samouraï. 
 
Le musée préfectoral d'art contemporain d'Hiroshima entouré d'un magnifique jardin Shukkei'en. Deux expositions, l'une sur Van Gogh et l'autre sur l'art et la paix. La <chance> me poursuit j'adore Van Gogh. 

J'emploie souvent <nous>, car j'ai fait la visite d'Hiroshima avec Hung Maka William, un jeune de Taïwan de 20 ans, particulièrement intéressant, cultivé. (Voir Facebook)

Hiroshima < Parc de la Paix >

 

19 août, je décide de quitter Matsumaya pour Hiroshima par ferry. Très agréable voyage en bateau dans cet archipel. On remarque une activité maritime intense. Un tonnage important de marchandise doit être transporté par voie maritime. Nombreux sont les ports, le Japon est tourné vers la mer. En rentrant dans la baie d'Iroshima on ne peut que remarquer l'importance des sites industriels dont les chantiers naval nippon. Impressionnant l'activité industrielle, de la très grosse entreprise internationale, à la PME. On sent une sorte de frénésie d'activités, avec des chantiers nombreux de bâtiments et Travaux publics. 
 
Quand on rentre dans Hiroshima, on ne peut que penser à la bombe atomique larguée par les américain en accord avec les anglais, le 6 août 1945, à 8:15 le matin. Il est vrai que cela a certainement permis la fin de la guerre, les japonais signant la reddition. C'est la raison principale de ma venue à Hiroshima, me rappeler cette tragédie qu'à subit cette ville et ses habitants. Je me libére de mon sac, je pars à pied vers le <nuclear Bomb Mémorial>. Le site est extraordinaire, les japonais le parcourent avec beaucoup d'émotions. Un grand parc où l'on découvre en premier le Dôme de la bombe atomique: l'explosion de la première bombe atomique provoqua des dégâts considérables, et le feu ravagea toute la ville. Le Dôme qui symbolise Hiroshima, rappelle l'horreur de l'armement nucléaire, et appelle à la paix dans le monde. Il est classé Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Vous avez en photo la déclaration de Jean-Paul 2, une sculpture de la ville de Montréal et l'arbre qui a survécu à la bombe atomique et que l'on peut voir aujourd'hui en pleine santé! (Demande spéciale d'Yves). Étant à la recherche de l'arbre qui a survécu, une japonaise (voir la photo) me demande d'où je viens au regard de ma tenue. Je lui confirme que je viens de faire le pèlerinage de l'île de Shikoku. Elle m'explique le texte en Japonais inscrit sur mon sac blanc: <Dieu est derrière toi pour marcher ensemble>…
Bien entendu, j'ai visité le Musée du Mémorial pour la Paix, et le Mémorial National de la Paix aux victimes de la bombe atomique. Les descriptions et photos sont bouleversantes. Dans ce parc de la Paix, longé par le Boulevard de la Paix, on trouve de nombreux monuments: de l'amitié, de la Paix, du lycée municipal féminin d'Hiroshima pour la paix des âmes des victimes de la bombe A, Horloge en mémoire des rapatriés de la République de Corée, la tour de la Paix, la cloche, …, je ne peux les citer tous, il y en a 67.
Il est incroyable que nos amis japonais aient subit la double atrocité du nucléaire militaire (Hiroshima, Nagasaki) et du nucléaire civil (centrales nucléaire de Fukushima). Tous les messages et monuments, musées d'Hiroshima ont des déclarations et Incitations à l'adhésion à des mouvements pour la Paix dans le monde uniquement au regard de l'usage militaire de l'énergie nucléaire, aucun message sur son usage civil, notamment concernant les centrales nucléaires!!! Le transit de l'uranium que cela génère? Par ailleurs, les Japonais reconnaissent (à travers les messages communiqués dans le Musée du Mémorial pour la Paix) les atrocités qu'ils ont commises notamment aux Chinois et Koreens. 
 
 
Cette visite fait partie intégrante de ma réflexion, Montagnes Sacrees, sur mon questionnement sur l'Homme et les atrocités qu'il peut commettre, les souffrances hors du commun générées par ces atrocités. Tout cela rejoint mes interrogations personnelles !!! dont le pelerinage de Kumano Kodo a été ma révélation. Je créerai une rubrique spécifique sur mon site Internet où l'on pourra s'interroger sur le camp de la mort d'Auschwitz, le musée de l'Horreur de Budapest, Hiroshima … Les sites d'Hiroshima et d'Auschwitz sont Patrimoines Mondial de l'UNESCO, pour que les générations futures n'oublient pas!
 

 

 

 

Fin du pèlerinage des 88 Temples à Matsuyama

L'exceptionnel continue grâce a la qualite des rencontres: un homme de 50 ans environ marche à travers le Japon depuis 6 ans, on a marché 2 heures ensemble et visiter le Temple  Senyuji; je croise un couple de québécois qui m'ouvre leur maison à Québec , et un couple de japonais à qui j'ai demandé mon chemin au retour pour Imabari, me demande ce que j'ai fait depuis  quelques jours et m'invite à rentrer chez lui pour me reposer: thé froid et repas à base de nouilles et légumes délicieux … Que je suis enrichi de ces rencontres, que les japonais sont gentils, ouverts aux étrangers.

 
je suis arrivé de Imabari à Matsuyama, profitant de ma forme pour visiter 3 Temples. Dans l'un je rencontre deux hommes de Tokyo, amis dans le cadre de leur hobbies le Rakujo. Le Rakujo consiste à des joutes orales seul ou à deux qui peuvent durer plusieurs minutes, et faire rire…
 
Le cough surfing fonctionne bien, Nabi est venu me chercher à la gare centrale de Matsuyama (côte ouest de l'île de Shikoku, en face d'Hiroshima). Je profite de 2 heures d'attente dans la gare pour me reposer, la fatigue se fait sentir. On prend le taxi de la gare, il m'amène à son studio en m'expliquant qu'il me le laisse pour plusieurs jours. Nabi à un sens de l'accueil très poussé, il aime son pays, veut progresser en anglais. On mange un repas poisson dans un très bon restaurant japonais, et refuse que je paye en me resouhaitant la bienvenue, qu'il me dit en français. (39 ans, marié, ingénieur informaticien spécialisé dans les télécom, visiblement il travaille très fort). Il est tout content de ma satisfaction pour la société qui me loue la Pocket WiFi (Global advance communication), car elle appartient au groupe pour lequel il travaille.  Les japonais ont un respect, une fierté bien placée concernant l'entreprise pour laquelle il travaille.
 
La ville de Matsuyama est une grande ville 1/2 millions d'habitants, agréable , avec son Château, son Dogo Hot Spring, la plus ancienne source thermale (Onsen) du Japon (3000 ans d'histoire) . Selon la légende, Dogo Hot Spring fut découverte pendant la période des Dieux, quand un héron blanc, mis sa patte blessée dans l'eau jaillissant d'une fissure de roches, constata sa guérison. On voit le héron blanc sur le fait du toit du Dogo. Un grans écrivain japonais, Soseki Natsume a écrit dans un de ses plus grands roman <Botchan>. Une particularité attractive, en face de la gare du Dogo: l'horloge animée qui s'élève toute les demies heure, avec un joli carion, et des marionnettes qui miment plusieurs scènes de vie dont celle de prendre son Spa, a aussi son héron blanc. J'aime bien cette légende, car elle a une forte signification concernant les blessures tant physique que psychique que l'on peut avoir et réussir à guérir…
 
bien entendu, je continue ma tournée des Temples et visite hier mon 61 ème Temple Jōdoji (Temple Nº49). J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère qui se dégage lors de ma visite du Temple Ishiteji (Nº51). Nombreux bâtiments et sculptures que l'on peut apprécier librement, nombreuses roches sont là tout simplement ou comme support de statues. Littéralement Ishite-ji signifie <Temple Main Rocheuse>. Une cérémonie privée se prépare …  Je rencontre une maman et sa fille d'origine Suisse, mais vivant à Moscou, on échange nos appréciations du Japon.
 
Je finis ma journée dans le Dogo Hot Spring, super moment de détente, relaxation dans ce bain d'eau chaude avec les japonais de tous âges, les bains sont distincts pour les hommes et pour les femmes. Le bâtiment est splendide. Même scénario aujourd'hui où je réussis à visiter 3 Temples supplémentaires le Nº48 Sairinji, 47 Yasakaji et le dernier me concernant le 46 Jōruriji. Au Temple Jōruriji, j'ai la chance de participer à plusieurs prières de pèlerins qui font les 88 Temples mais en autobus. Quelle ferveur, une jeune femme cadence avec un bruit (un peu celui des castagnettes), et une clochette. C'est une belle conclusion me concernant du pèlerinage des 88 Temples de l'île d Shikoku. Un peu trop en milieu urbain, et la marche sur l'asphalte n'est pas ma surface préférée. J'avoue que le pèlerinage Kumono Kodo, plus engagé certe, mais en pleine nature correspond mieux à mes attentes, même si lors de ce pèlerinage des 88 Temples, j'ai pu marcher des séquences très sympathiques, notamment sur l'aspect rencontre, convivialité, et n'oublions pas la montagne sacrée Ishizuchi.
Pour résumer, J.ai démarré le pèlerinage le 5 août au premier temple Ryozenji jusqu'au 35 ème Kiyotakiji, puis j'ai traversé l'île Shikoku en voiture pour redémarrer, après un bref passage à Okayama, au temple 77 Doryuji et finir au temple 46 Jōrunji le 17 août à Matsuyama. Il faudra revenir pour conclure des temples 35 au 45, et 77 au 88. 
 
Pour fêter mon 64 ème temple, et dernier Temple, je me suis offert un restaurant spécialisé crabe, génial. Et ensuite  bien évidemment une heure trente de Spa dans ce si beau quartier du Dogo. Le soir j'ai invité mon cough et sa femme à dîner dans un restaurant typique japonais où la nourriture est amenée par une chaîne continue qui dessert toutes les tables, et où commande directement sur un écran, une sonnette nous averti avec un plat support d'une couleur que notre commande arrive : varié (surtout en poissons et crustacés), bon et bon marché. (Suchiro). C'est un couple charmant, gentil comme tout.  
Je visite le parc, le musee et le Château de Matsuyama. Au musée un superbe tableau de Monet (Au cap d'Antibe), de Cézanne (Les reflets dans l'eau), Bonnard (portrait d'Anrdrée Bonnard) et des peintres japonais visiblement inspirés par l'école française (Yasui, Kishida, Sakamoto, Nakamura…) et des peintures du pure style japonais (Yamamoto, Murakami, Takeuchi, Hirafuku, Matsubayashi…)
Le Château perché en hauteur entouré d'un splendide parc , construit en 1602 par la volonté d'un grand guerrier Yoshiaki Katoh. Brûlé et reconstruit (1820 à 1854),  puis de nouveau touché par les bombardements de la guerre 39/45, et entretenu par la ville dans le respect du style architectural du Château. Quelques pièces originales notamment des armures de guerriers, des lances, des épées …
 
 
 
 

Ascension de la montagne sacrée Ishizuchi-san

Quelle journée  extraordinaire (13 août) , pleines d'émotion et de rencontres, qui m'ont permis  d'atteindre le Temple 60 Yokomineji. Un coup de fil à Antoine, et Almendra qui m'invite à réfléchir à partir du mot catharsis. à suivre…

J'ai retrouvé une bonne forme ayant réalisé l'ascension du Ishizuchi-san (1982m) dans un temps record, sachant que les horaires des trains et bus ne correspondaient pas; démarrage vers 11:30. Il n'en reste pas moins que j'ai monté sur un chemin pentu, entre 10 et 14 m à la minute: soit environ 600m à 840 m de dénivelé heure. J'ai avalé l'ascension, il est vrai très allégé de mon sac avec presque rien dedans, et une ascension courte de 800m de dénivelé). Je vois la différence car l'escargot qui porte son sac, même bien géré, le sac reste assez lourd. Je suis content car j'ai retrouvé les bonnes sensations du montagnard, qui aime évolué dans cet environement. 

Le Mont Ishizuchi est le lieu où Kūkai venait pour s'entraîner. Pendant le 7 ème siècle, le moine En no Gyōja déclara cette montagne comme sacrée pour tous ceux qui croient au culte de la Montagne (Shugendō), maintenant nombreux sont ceux qui veulent tester leur physique et leur mental à l'effort, en utilisant à trois reprises les chaînes permettant d'escalader les parties verticales pour atteindre le sommet. C'est la continuité de l'entraînement de Kūkai… En descendant je rencontre Ritsuko, une jeune femme et son père Akira qui me proposent de m'amener au Temple 60 Yokomineji. Grâce à eux je vais pouvoir arriver à temps pour estampiller mon livre. Au temple on rencontre Watanabe, photographe en vacances qui me ramènera jusqu'à mon hôtel me préservant d'une descente particulièrement fatigante. Les Japonais sont vraiment sympa, ouverts, cherchant à connaître, à communiquer, sans porter de jugement, simplement le plaisir de communiquer, et ils aiment les français. 

Au fait, concernant la communication, j'ai oublié de vous dire que les chats, les chiens, les poules et les coqs etc.,  émettent le même son que chez nous, et traduit en japonais c'est aussi le même son …  Incroyable non!!! J'en ai déduit que je ne pouvais pas avoir des problèmes de communication, et mon voyage le prouve. Je ne me trouve pas dans la situation qu'un japonais m'a raconté de se trouver dans un taxi parisien dont le chauffeur a refusé d'essayer de comprendre ce qu'il demandait en anglais en disant < je ne parle pas l'anglais>, tout en lui demandant de sortir de son véhicule … Incroyable non… Sans parler de la surprise des japonais visitant Paris et la France quant au manque de sanitaires publics!

J'ai la chance de participer à une cérémonie Bouddhiste dans le Temple Nº61, Kouonji.  Un jeune moine prépare la cérémonie en allumant les bougies, apportant les cymbales, recevant les dons des fidèles qui viennent nombreux , de tous âges, hommes comme femmes. Un grand Bouddha en or affichant une sérénité domine l'autel, où un moine plus âgé s'installe face à lui en position de lotus, dos tourné aux fidèles. Une série de sons de <bol> annonce le début de la cérémonie. Les mantras commencent d'une voix lancinante, sons de cymbales, de clochettes. Un moine invite les fidèles à se rapprocher de l'autel pour faire brûler de l'encens et déposer leurs dons. Au bout de 15´ changement de rythme, les chants s'arrêtent , les fidèles ferment les yeux, rentrant dans leur pensée, esprit… Le Moine se lève fait face aux fidèles et parle pendant 3 à 4 minutes, puis la cérémonie est levée. Grand moment d'émotion.

au fait, vous ai je dit que le chiffre 1200 qui figure souvent à l'entrée des temples, correspond à un événement durant la vie de Kōbō Daishi Kūkai (774-835). Je dois découvrir lequel? 

 

Kumano Kodo fin

Suite des photos de Hongu à  Takijiri-Oji, arrivée du pèlerinage Kumano Kodo. Exceptionnel, mais j'avoue assez éprouvant physiquement, notamment cette étape la veille, de Kumano Hongu Taisha à Chikatsuyu-Oji (8 heures et 26km de marche plus de 1200 m de dénivelé positif). J'ai traversé une région superbe, la peninsule  Kii, inspiré par ce chemin pèlerinage qui à plus de 1000 ans d'histoire, pratiqué par toutes sortes de personnes dont des empereurs. La marche en tant que telle fait partie d'un processus de respect de rites religieux rigoureux, de culte et de purification du Bouddhisme. On a pas besoin d'être croyant pour réaliser une telle aventure, il est préférable de le faire en groupe, notamment pour des raisons de sécurité. J'ai rencontré, il a quelques années, des pèlerins marchant sur Le chemin de Saint Jacques de Compostelle non croyant, mais vivant intensément leur périple intérieur… 

Un petit oubli de publication, suite et fin du pèlerinage Kumano Kodo

 

Pèlerinage des 88 Temples île Shikoku suite

Je longe la côte vers le sud jusqu'au cap Muroto-Misaki,  avec mon guide chauffeur Tatsuo. Sa voiture type espace climatisé, assure un confort bien agréable. On engrène comme un chapelet les Temples. On en fera 35 en 3 jours. Kiyotakji sera notre dernier et 35 ème Temple ensemble. Indépendamment du nombre de Temples visités, la spiritualité est très présente, de par le nombre de pèlerins qui fréquentent les Temples seul ou en groupe et l'atmosphère qui se dégage, la présence de Tatsuo participe aussi à un niveau de spiritualité élevé… Tatsuo me propose de m'amener chez lui à Okayama (je reviens sur l'île principale). De la ville de Kochi on prend une autoroute qui travers l'île, vers le nord, et continue sur un des plus grands pont du monde qui relie les deux îles. Je suis excellemment accueilli par Kazua la femme de Tatsuo, qui me propose une chambre climatisée. Le 10 au matin après un petit déjeuner très complet à la japonaise, ils m'emmène à la gare centrale. Gentilment, Kazua m'a préparé un déjeuner à emporter, vraiment ils m'ont gâté… Je suis chanceux. Je prends le train pour reprendre dans un autre secteur le pèlerinage des 88 Temples de l'île de Shikoku. Le train retraverse le bras de mer par le même pont, la voie ferrée étant sous la voie routière. Les japonais n'y vont pas par le dos de la cuillère , la qualité de leurs infrastructures ferroviaire et routière est tout a fait exceptionnelle.

Je reprends ma marche solitaire en me dirigeant à pied au Temple Doryuji (77), il fait très chaud, et j'enchaîne avec courage en respectant le rituel décrit sur mon précédent article, jusqu'au Temple Iyadanji (71). Le Temple Zentsuji se distingue de par son ampleur, nombreuses constructions en deux parties, siège de la secte Bouddhiste Shingonshu Zentsuji et le lieu de naissance de Kukai.

J'avoue après une bonne vingtaine kilomètres de marche en plein soleil, je suis de nouveau fatigué. Le bonheur est que je découvre, sous le Temple Iyandjini,  un Honsen tout à fait exceptionnel: bains d'eau chaude, bouillonnant à 40°, bains d'eau froide à 17° ( cela m'a rappelé mon dernier bain avec maman à Toulon à 17° début juin!), sauna, piscine, grandes salles avec moquette pour s'allonger et se reposer, mais je dors dans un lit couchette type lit d'avion.  Je décide de rester un jour de plus et visite le Temple Iyadanji le 11 au matin. J'ai le temps, je participe à une cérémonie commandée par un couple. Le Temple est accroché à la montagne, et le nombre de marches à monter est impressionnant. 

 Les Temples, pour la plupart, dominent la vallée, ils sont accrochés à la montagne. Le Japon est constitué d'îles très montagneuses, avec des dénivelés importants, le relief y est particulièrement accidenté. Lors des saisons de pluie les précipitations doivent être importantes au regard du lit des rivières. Même en cette période de sécheresse l'eau coule abondamment dans les rivières, les caniveaux recouverts de part et d'autre de la chaussée, notamment pour alimenter les champs de riz que l'on voit  disséminés un peu partout. Les japonais ont développé une Ingenierie de l'eau et de la gestion de l'eau visiblement de très haut niveau. Ils protègent leur littoral d'un éventuel tsunami, ils respectent le lit des rivières, l'eau qui coule semble bien propre. Ils trient leurs déchets, et les gens respectent les procédures, pourtant on ne voit pas de poubelles sur le domaine public. Les gestionnaires de distributeur de boissons doivent gérer les déchets occasionnés, en laissant des poubelles recevant les bouteilles en plastique et autres canettes … N'oublions pas que la densité de population est environ 4 fois supérieure à celle de la France!

Retour au Spa, repos, séances de bains se succèdent l'ambiance est très décontractée, toujours dans le respect des autres. Je suis souvent abordé, on me pose des questions. Demain, je vais visiter 3 Temples, toujours en allant vers l'ouest, je m'approche de la montagne sacrée …

 

Le pèlerinage des 88 Temples Île de Shikoku

 

Grand merci pour vos encouragements et vos commentaires, sur le site, ou à titre personnel sur mon adresse perso. Cela m'encourage, sachant, je l'avoue j'ai pris goût à faire ce mémo.
Merci de me préciser si vous ne souhaitez pas que votre commentaire soit publié. 
 
Après 2 Jours de repos à Tanabe, je prends le bus pour Wakayama (50km au sud d'Osaka), puis le ferry vers Tokushima. Me voilà sur l'île Shikoku, où j'ai le projet de marcher une partie de ce grand pèlerinage Bouddhiste, qui fait le tour de l'île appelé le pèlerinage des 88 Temples sacrés de Shikoku.
Le pèlerinage de Shikoku reproduit la route suivie par le moine Kukai lors de son apprentissage Bouddisme vers 800. Le chemin qui lie  ces 88Temples fait 1200 km de long et traverse la nature luxuriante de l'île Shikoku, mais aussi le péri-urbain des villes. Il permet un temps de réflexion sur soi même. En dehors des aspects religieux, le pèlerinage est entrepris pour rendre hommage à ces ancêtres, à sa famille, ses amis, et tout simplement pour se remettre en forme et se retrouver.  C'est un parcours spirituel. Il se fait à pied ou motorisé. 
 
Une nuit dans un hôtel proche de la Station Centrale de Tokushima, je prends le train pour me rendre au premier Temple, que j'atteins vers 9:00. Il fait chaud, la journée commence bien. Je décide d'acheter une partie de la panoplie de base du parfait pèlerin, afin d'être reconnu et aidé par la population locale. Je suis couvert d'un chapeau (sugegasa), la veste blanche (hakui), le baton et sa clochette (kongozue), le sac blanc (zudabukuro) dans lequel j'ai mis le carnet à tampons, les etiquettes. les Bouddhistes ont le rosaire ( comme un chapelet) et une etole sur la veste. Cela à bien fonctionné car au 5èmeTemple, Temple Jisoji, un pèlerin solitaire, Tatsuo Miyai son nom, faisant le pèlerinage en voiture me propose de l'accompagner. J'accepte bien volontiers. Finalement nous faisons la route ensemble. Pour moi c'est l'idéal, j'ai un guide parfait, sauf qu'il parle très peu l'anglais… mais on arrive à se comprendre. Il connait bien les traditions religieuses, manipule bien son GPS, on ne perd pas de temps. Tatsuo m'amène dans des auberges japonaises, où l'on prend chambre commune. Le confort est bien présent avec Spa tous les soirs… la vie est vraiment belle, vive la vie. Cela fait deux jours que nous allons de Temple en Temple. Ce matin, nous prenons le telepherique (plus de 600m de dénivelé), pour atteindre le Temple Taiyū-ji. Le site est recouvert d'enormes et anciens cèdres,  qui crée une atmosphère mystique. La vue sur la montagne est splendide. Nous sommes arrivés au 24 ème Temple, Hosumisakiji, à l'extrémité sud de l'île, le cap Muroto-Misaki. Sur les plages de sable les tortues de mer pondent, c'est aussi un observatoire de baleine. J'en ai profité pour nager dans les rochers, limite compte tenu des vagues pour revenir. 
Systematiquement quand j'arrive au Temple, je passe par la porte principale face à la voie principale (pour chasser les mauvais esprits) qui dessert les différents bâtiments. Ensuite je me purifie par l'eau, en prenant de l'eau dans un récipient, pour se laver une main, puis l'autre,  et la bouche. Je me dirige vers la cloche pour la faire sonner et ainsi marquer mon arrivée. Je me dirige vers le batiment principal (le Hondo où la divinité principale est venerees),  allume 3 bâtonnets d'encens, une bougie, les placent les premiers au centre du bol rempli de cendre, et dans l'armoire prévue à cet effet pour la bougie. Je monte les marches, fait sonner la cloche, et place les feuilles de vœux ou soutra dans la boîte. On prie silencieusement en joignant les mains. Je reprends mon bâton de pèlerin et me dirige vers le Daishido (Kobo Daishi y est vénéré) pour faire le même rituel que précédemment. (en achetant sa tenue de pèlerin, on achète les feuilles, de vœux, une boîte de petites bougies et de bâtonnets d'encens). Pour conclure la visite du Temple,  je me dirige vers le bureau où un moine estampille mon carnet à tampons où les pages numerotés à la japonaise, représentent chacun des Temples dans leur ordre du non numéroté, celui de Koyasan où j'étais dans mon précédent pèlerinage Komono Kudo, puis du premier le Ryozenji à côté de Tokushima, au 88ème Okuboji au dessus de Tokushima, en ayant fait le tour de l'île . Avec son plus beau style il fait des caligraphies sur la page estampillée. Je donne 300 yens, car tous ces rituels le pèlerin payent, des petites sommes mais vu le nombre de Temples visités cela represente des sommes non négligeables et le pèlerin est tout le temps sollicité. Il est vrai que la gestion des sites est parfaitement assurée: réfection des bâtiments, entretien et propreté, qualité paysagère des sites, organisation… 
 
Je ne peux vous montrer tous les Temples, cela vous lasserai, alors je vais laisser fonctionner mon inspiration…