Je rappelle en premier lieu la légende du « Manitonga Soutana » au Mont-Tremblant. Puis je vous emmène vers une autre aventure spirituelle que celle de découvrir la Madone du Saguenay, et enfin, aux prémices de mon aventure je vous invite à vous ressourcer au Camp MUAK (huard en indien Montagnais). Nous continuons sur le thème de la nature bien que j’entame mon sujet « Montagne Sacrée » à travers la légende du Mont Tremblant. (En face à face à ces très beaux textes regardez les quelques photos du Mont Tremblant d’aujourd’hui, une très belle place balnéaire de l’Est du continent Nord américain, au Nord de Montréal à équidistance d’Ottawa : ski, golf, sports nautiques, chasse et pêche, canoë, casino… Cela interroge à travers le prisme spirituel au regard des croyances amérindiennes, mais cela se justifie aussi notamment compte tenu des besoins de l’homme en espace récréatif et de la qualité des aménagements produits et bien gérés ?
Mont Tremblant
Des hommes venus de la Sibérie occupèrent les Laurentides, une des plus vieille chaîne de montagne de la terre, il y a environ 8000ans. Différentes nations amérindiennes, s’y installèrent en parfaite harmonie avec la nature, tout en sachant bénéficier de ses ressources. L’actuel « parc du Mont Tremblant faisait partie de la Petite Nation des Algonquins. La légende rappelle que les sorciers algonquins aient nommé Manitonga-Soutana la montagne qui dominait ce paysage, montagne des esprits ou montagne du diable » nous précise Francine Loubert de l’association de villégiature Tremblant et Louise Arbique auteure de « Mont Tremblant la poursuite d’un rève ».
Des écrits confirmèrent la croyance amérindienne selon laquelle le Manitou faisait trembler la montagne lorsque quiconque y enfreignait « les lois sacrées de la nature ». La légende qui suit fut rédigée par W.D. Lightall d’après une tradition orale, indienne qu’il tint de l’Algonquin Michel Sheship. Elle fut publiée en 1954 dans l’ouvrage : « Mont-Tremblant Story » et tirée des poèmes « Old Measures » de Lightall.
La terre du Manitou
Dans les montagnes du Nord, magnifiques entre toutes,
le mont Tremblant règne avec majesté.
Depuis le noble et vaste flanc de cette montagne,
enfoui sous des pins millénaires jamais touchés,
et drapé par le brouillard et les nuages,
le Manitou-Ewitchi domine la vie primitive.
Il demeure constamment aux aguets, et si de mauvais esprits
enfreignent les lois sacrées de la nature,
il fera trembler toute l’énorme chaîne de montagnes.
Celui qui défie ces lois
doit affronter la tempête qui dévaste son chemin,
les pruches géantes qui s’abattent sur lui, la grêle,
le tonnerre et les éclairs qui déchirent les cieux
et les torrents déchaînés qui le poursuivent
en un déferlement d’énormes pierres,
pendant que le précipice outragé le châtie sévèrement.
S’il sillonne un cours d’eau, il verra soudainement
un immense nuage lumineux, brillant comme l’argent,
survoler rapidement le lac
Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE 2
faire bouillonner les vagues, l’air et le ciel
et engloutir sa nacelle dans les flots de l’éternité.
Mais, celui qui connaît les lois et les respecte
aspire le parfum du baumier,
s’abreuve aux sources limpides, glacées et festonnées de mousse,
s’enivre de l’air pur de l’aurore,
célèbre la splendeur des étendues illimitées,
se réjouit du chant d’innombrables oiseaux à l’aube,
voyage sur les eaux magiques des lacs scintillants
et vole au-delà du faîte brumeux de la montagne :
il habite la terre du Manitou.
Le Conseil des Manitous a édicté
les lois sacrées de la nature :
Ne tue point, sauf pour te défendre ou par nécessité :
tous les êtres vivants sont tes frères.
Aime la plus humble des plantes.
Respecte les arbres, dignes de vénération.
Rends grâce au Manitou de ses bienfaits.
Ne viole jamais les sanctuaires de paix.
Sois le gardien de feu, élément bénéfique mais impétueux.
Ainsi le plus doux des Indiens craint depuis lors
la montagne Tremblante,
et la vénère en murmurant la légende de Manitou-Ewitchi,
et la montagne tremble toujours quand des êtres insouciants
ne respectent pas les lois du Manitou.
Et les enfants d’Ewitchi vivent selon sa volonté
en attendant le jour de leur trépas.
Logan, William E., 1859. Exploration géologique du Canada, partie I. Can., rapp. de progr., 1858, pp 9-65.
La vie spirituelle des amérindiens repose sur la croyance en l'existence de liens étroits essentiels entre les choses de la nature, toutes les formes de vie de première importance se trouvant rattachées à la Terre-Mère.
Si je vous rappelle cette légende, c’est pour préciser que l’homme moderne n’a pas su inspirer son action d’une quelconque attention vers les peuples autochtones, ni profiter de leurs expériences. Est ce l’unique voie du progrès que d’avancer ainsi, sans sens et en allant toujours plus vite, sans respect de la nature … ? La preuve en est l’expérience des premiers hommes blancs, venus s’installer dans les Laurentides, région sauvage vers 1840, qui épuisèrent les ressources et finirent dans la misère. Le caractère Sacré du Mont Tremblant qu’en est-il aujourd’hui ? Il ne s’agit pas de remettre en cause les aménagements réalisés à ce jour, que je considère globalement de qualité et bien gérés de surcroit, mais de s’interroger sur cette course poursuite : trouver du sens est nécessaire, revenir sur des fondamentaux, notamment en cette période de crise qui peut être considérée comme une opportunité à saisir… notamment sachant que cette problématique existe ailleurs, où par exemple le peuple autochtone Navajos en Californie lutte pour protéger une Montagne Sacrée qui serait soumise à l’aménagement touristique …
Madone du Saguenay
Depuis 1881, la Madone du Saguenay veille sur les navigateurs du haut de la falaise du Cap trinité. Tout a commencé sur le fjord Saguenay, près de Chicoutimi, quand un jour de l’hiver 1878, Charles-Napoléon Robitaille, voyageur de commerce de Québec, voit la glace s’effondrer sous le poids de son cheval et de sa marchandise. Implorant la Sainte Vierge, il parvient tant bien que mal, à se hisser hors de l’eau. Gravement malade suite à cet accident, il évoque une deuxième fois la Sainte Vierge de lui laisser au moins 10 ans de vie pour prendre soin de sa famille… La statue en bois œuvre du sculpteur Louis Jobin, est remorquée sur 15 km en chaloupe à rames, puis sectionnée en 14 morceaux au pied du Cap Trinité, pour être transportés à dos d’hommes en 8 jours…
Gravir le chemin qui mène de l’anse Trinité au sommet de la falaise près de 300m plus haut est éprouvant pour certain, mais un vrai bonheur pour tous que de découvrir le fjord de la statue de la sainte Vierge dans cette immensité naturelle. L’effort, la grandeur de la nature, la statue, … tout nous conduit à élever notre réflexion. Notre esprit prend une tournure spirituelle, de recueillement dans le respect des croyances des uns et des autres… les éco-touristes, ou pèlerins ne s’y trompent pas.
Camp Muak
Le camp Muak (cabane en bois rond au bord d’un lac), se trouve sur les hauteurs du contrefort des vieilles montagnes Appalaches à 200 km au nord de la ville de Québec en limite de la réserve faunique du parc des Laurentides Jacques Cartier, sur le bassin versant du Lac saint Jean. C’est un lieu magique, tranquille, bien que la forêt soit exploitée, les nouvelles normes obligent une coupe sélective, de replanter. C’est l’habitat naturel des ours, lynx, loups, orignaux, lièvres, chouettes, huard, truites… La forêt est impénétrable tellement elle est dense : l’épinette domine mélangée avec du bouleau. Nombreux sont les fruits rouges sauvages : ataca, framboise, bleuet. Les routes forestières permettent d’atteindre le camp en 4par4 en été, en motoneige l’hiver.
Je vous parle du camp Muak pour souligner la pureté du lieu… les nuits étoilées sont grandioses (on y voit des aurores boréales),… l’eau du lac vous purifie le corps et l’esprit, vous êtes en hauteur …vous redevenez humble car vous êtes en pleine forêt, en pleine nature, à la fois être vivant et créature ? Cela nous invite à retrouver du sens, à retrouver le temps, une dimension spirituelle.
Plongez, goutez, prenez le temps de regarder les photos ci-après … et envoyez-moi vos impressions …